Publicité

CHRONIQUE – Israël: parce que «ça recommence»

Par Philippe Barraud (journaliste) – Contenu exclusif sur Romanvie.ch

Comment se situer face à la guerre qui fait rage, et va s’étendre, au Proche-Orient ? Et comment comprendre ce qui motive les protagonistes ?

On s’indigne beaucoup, en Europe et dans le monde, de l’extrême violence avec laquelle Israël a frappé Gaza, après les abominations commises par le Hamas, le 7 octobre 2023. Et on s’indigne encore de voir la guerre gagner le Liban, un pays qui de fait n’existe plus, puisqu’il s’est laissé dépouiller de sa souveraineté par le Hezbollah, et donc par l’Iran. Pendant ce temps, la mouvance pro-palestinienne s’est rapidement implantée dans les universités et dans la rue, en Europe et aux Etats-Unis, alors que les soutiens à Israël se font rares, parce que trop risqués.

Le prix payé par la population de Gaza est épouvantable et bien trop élevé, c’est indiscutable. Ces trop nombreuses victimes civiles sont souvent des victimes colatérales, les islamistes ayant pour pratique criminelle mais constante de répartir leurs dirigeants et leurs combattants au sein de la population civile, dans les écoles ou les hôpitaux par exemple. C’est la tactique bien connue des boucliers humains, mais en l’occurrence elle ne fonctionne pas, parce que l’armée israélienne en connaît les rouages.

Israël: parce que «ça recommence»


Le fer rouge de l’Histoire

Mais pourquoi Israël se défend-il de manière brutale et chaotique, à nos yeux en tout cas ? C’est parce que sa lecture des événements est marquée au fer rouge de l’Histoire. Le peuple juif a constamment été ostracisé, méprisé et mis de côté, longtemps interdit des grandes villes, interdit d’innombrables professions. Comme l’a dit Gustav Mahler, «Je suis trois fois étranger sur la terre ! Comme natif de Bohême en Autriche, comme Autrichien en Allemagne, comme juif dans le monde entier. Un intrus, jamais bienvenu.»

Mais surtout, le peuple juif a sans cesse été menacé d’extermination, avec un désastre culminant au XXe siècle, en Allemagne, en Italie, en France même. Si les sociétés occidentales ont oublié l’Histoire, les Juifs du monde entier voient toujours planer au-dessus d’eux l’ombre des Hitler, Heydrich, Göring, Mussolini, Maurras – tous ceux-là, et tant d’autres, qui voulaient exterminer les Juifs jusqu’au dernier. Savez-vous qu’en France, dans les années 30, il existait une Association des journalistes anti-Juifs ?

Or, l’empreinte de la Shoah et des camps d’extermination, les Einsatzgruppen, les Fosses ardéatines, les assassinats de ministres en France (Jean Zay, Georges Mandel) par les voyous de la Milice, tout cela marque à jamais l’histoire d’Israël, et donc sa politique de défense.


Ce pays est dès lors fondé à craindre que ça recommence. Et de fait, ça recommence, parce que cela n’a jamais cessé ! On en veut pour preuve les propos du Hezbollah d’il y a quelques jours, qui a pour objectif affirmé d’éliminer totalement Israël. Ou la motivation des tueurs du 7 octobre 2023, dont le seul but était de tuer des Juifs, indistinctement, hommes, femmes, enfants, nouveaux-nés, parce qu’ils étaient juifs. Sans surprise: la destruction de l’Etat hébreu figure dans la charte du Hamas. Ou encore la motivation des manifestants des universités, qui veulent eux aussi effacer Israël de la carte, selon leur slogan « Palestine du fleuve à la mer.»

Une menace existentielle

Cela n’excuse pas tout, évidemment, mais cela permet de comprendre pourquoi Israël se défend avec une telle fureur, car la menace est littéralement existentielle, face à une puissance ennemie multiforme et puissante. C’est un élément dont le monde a de la peine à prendre conscience, qui réclame des cessez-le-feu à tout va, pour se donner bonne conscience, mais sans mesurer les vrais enjeux. Si un ennemi déterminé s’employait à effacer la Suisse et les Suisses de la carte, à coups de massacres et de bombardements quotidiens, je doute que nous réclamions un cessez-le-feu et renoncions à nous défendre coûte que coûte ! Du moins, on peut l’espérer…

L’antisémitisme, encore et toujours

En France les actes antisémites ont triplé. En Suisse aussi, le vieil antisémitisme se réveille, celui qui s’exprimait ouvertement au milieu du siècle passé, surtout dans les campagnes – enfant, je l’ai beaucoup entendu, sans bien comprendre de quoi il s’agissait. Alors ils n’ont pas tort, ceux qui disent que cela ne s’arrêtera jamais.

Parce que la guerre au Proche-Orient n’est pas une guerre territoriale, c’est une guerre qui oppose l’Etat juif à un vaste mouvement ouvertement génocidaire. L’oublier, c’est analyser les choses par le petit bout de la lorgnette, et donc ne rien comprendre.

Le 8 octobre 2024. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

Observação da redação: este artigo foi modificado em 16.10.2024

Publicité