BERNE – Le conseiller d’Etat Martin Pfister remplacera Viola Amherd au Conseil fédéral le 1er avril. Le centriste zougois a obtenu mercredi 134 voix au 2e tour, créant la sensation face au conseiller national st-gallois Markus Ritter. Il vise la Défense.
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“Je me suis porté candidat pour un siège au Conseil fédéral”, a rappelé le nouvel élu lors d’une conférence de presse. Il a dit qu’il prendrait le département qui lui serait attribué vendredi.
Colonel à l’armée, il a toutefois souligné avoir “de grandes affinités pour les questions de sécurité”. “J’ai envie de conduire le Département de la défense”, a-t-il assuré. Il devra remettre sur les rails un département en crise après de multiples affaires et controverses.
“J’ai un grand respect vis-à-vis du poste et je ferai tout pour défendre la collégialité et l’esprit de consensus. La Suisse sociale et libérale mérite et a besoin d’un Conseil fédéral qui, uni et en équipe, puisse déployer la force de direction nécessaire aujourd’hui.”
Sécurité de la Suisse
Le centriste a répété que la sécurité de la Suisse lui tient à coeur, alors que la politique de sécurité en Europe se transforme. Berne doit trouver son rôle dans cette nouvelle situation géopolitique, tout en préservant son indépendance et sa neutralité.
Il a encore souligné l’importance de la coopération internationale en matière de sécurité. L’interopérabilité des armées, les exercices communs, l’industrie de l’armement: sur tous ces sujets, la Suisse dépend aussi des pays voisins, a-t-il indiqué.
Et le Parlement, lorsqu’il voit les choses de manière pragmatique, le comprend, a affirmé le Zougois. Il s’est dit conscient qu’il va devoir regagner la confiance des parlementaires alors que le Département de la défense (DDPS) est dans la tourmente. “Je sais que je vais devoir fixer des priorités très vite si je reprends le DDPS.”
Juste programme d’économies
Interrogé sur le financement de l’armée, Martin Pfister a avoué que le plan d’économie pourrait ne pas suffire pour couvrir les importantes dépenses de la Confédération, notamment dans l’AVS et dans l’armée. De nouvelles recettes pourraient être nécessaires.
“On verra quelles solutions seront nécessaires”. En ce qui concerne l’armée, cela dépend des besoins réels. Mais en principe, il est juste de respecter le frein à l’endettement. De même, les programmes d’économie et la remise en question des tâches sont justes.
M. Pfister n’a pas voulu faire de promesses sans connaître le dossier, comme il l’a dit en réponse à la question sur la prise en compte de la Suisse romande lors de l’attribution des postes et des sites. “J’ai une affinité avec la Suisse romande, j’y ai longtemps vécu”.
Il trouve important que la Suisse romande soit entendue et impliquée. Plus largement, il faut prendre en compte toutes les régions linguistiques et leurs besoins.
Quant à savoir ce qui lui manquerait le plus en tant que conseiller fédéral, le Zougois a répondu “une certaine liberté de mouvement”. A la question de savoir s’il était le plus grand conseiller fédéral de tous les temps, Pfister, qui dit mesurer 1 mètre 90, a répondu qu’il était peut-être le plus long.
Hors du sérail parlementaire
L’élection semblait encore très ouverte à quelques minutes du scrutin. Toutefois, Martin Pfister a raté la marche au premier tour d’une seule voix, provoquant dans la salle du Conseil national une première surprise.
A l’annonce des résultats, le Zougois a été bruyamment ovationné et salué par une explosion de joie du côté de ses proches en haut de la tribune, pendant que les visages étaient graves du côté de l’UDC, qui soutenait majoritairement Markus Ritter. Ce dernier a obtenu 110 voix.
Martin Pfister a étudié l’histoire à l’Université de Fribourg. Il a siégé au législatif cantonal de Zoug. Depuis 2016, il dirige le département de la santé en tant que conseiller d’Etat et a également présidé le gouvernement cantonal en 2021 et 2022.
L’élection de Martin Pfister le prouve une nouvelle fois: le chemin du Conseil fédéral ne passe pas toujours par le Parlement. Dernier en date, Beat Jans, avait toutefois déjà siégé au National auparavant. Eveline Widmer-Schlumpf, Ruth Dreifuss, Ruth Metzler et Micheline Calmy-Rey sont elles entrées au gouvernement sans avoir siégé sous la Coupole fédérale.
Lire aussi : éditorial à ce sujet du média suisse Le Peuple : https://lepeuple.ch/la-brillante-election-du-candidat-de-la-rts/
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Le 12 mars 2025. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).