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EDITORIAL – Election au Conseil Fédéral, le risque aussi du consensus suisse

BERNE – L’élection ce mercredi 5 décembre 2018 au Conseil Fédéral est bien sûr une bonne chose pour nos institutions et la démocratie suisse, chacun des 4 ou 5 grands partis nationaux si on inclut les Verts a bien respecté la logique, à commencer par l’UDC qui ne s’est pas du tout montrée agressive comme certains partis conservateurs d’autres pays. Comparer en décembre 2018 la Suisse à la France est très intéressant. Il est évident que je ne défends pas comme conservateur le mouvement des “gilets jaunes” français mais je reconnais tout de même certains avantages parfois de mener une lutte, plutôt qu’un sacro saint consensus suisse. Il est vrai contre balancé en Suisse par la démocratie directe. 


Exemple des pharmacies

Comme pharmacien de profession, je n’exerce plus depuis des années, je note qu’en Suisse les chaînes de pharmacie sont en train de dévorer les pharmacies indépendantes. Probablement par consensus politique qu’on pourrait qualifier aussi de lobbying, les chaînes ont réussi à se développer notamment sous les effets directs ou indirects de Migros et Coop. D’ici 30 ans je peux imaginer que la majorité des 1800 pharmacies suisses ou probablement 2000 en 2048 aura passé en main de chaînes de pharmacies souvent avec des capitaux venus de Wall Street. La petite bourgeoisie suisse aura plus ou moins disparu et on devrait avoir de grandes différences entre pauvres et riches comme c’est le cas aux Etats-Unis par exemple. Or, en France, les pharmaciens ont réussi à interdire les chaînes de pharmacie. Probablement par lutte et combat acharné, il n’existe pas de chaînes en France. Ainsi les plus de 20’000 pharmacies françaises sont en main de pharmaciens indépendants qui représentent la petite bourgeoise française. La grande bourgeoisie, très mince, représente les grands industriels notamment. Vous suivez ? Derrière le consensus, on est aussi capable de faire des choix pas forcément positifs pour un pays, un peu comme une mort lente. Cet exemple des pharmaciens peut aussi se produire un jour pour les médecins, on sait que Migros investit le monde des cabinets médicaux. Toutes les professions libérales sont dans un sens menacées par le grand capital globalisé, autant parfois donner raison sur certains points à Karl Marx (sur le reste bien sûr je le combats).


Vous l’aurez compris, je ne suis pas un grand fan du consensus, ou en tout cas j’estime qu’il ne faut pas en abuser, car il peut faire de grands dégâts. Pour moi le plus important pour la politique d’un pays est d’avoir une vision à long terme, veut-on garder une petite bourgeoisie ou se vendre au grand capital qui sera fait d’une armée de cadres riches et des millions de Suisse pauvres de la classe populaire ? Oui, la politique est faite de choix et peu de consensus. J’aime toujours rappeler l’exemple que le Brésil interdit le casino, je pense que c’est un bon choix fait de courage et pas de consensus.

Bonne chance toutefois à nos 2 nouvelles Conseillères Fédérales qui parlent très bien le français, pour moi c’est déjà une très bonne qualité. Vous l’aurez toutefois compris, j’ai peur d’avoir un Conseil Fédéral plein de consensus et avec peu de vision pour notre pays béni par Dieu.

Le 5 décembre 2018. Par Xavier Gruffat

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Observação da redação: este artigo foi modificado em 05.12.2018

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