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EDITORIAL – Automatisation et perte d’emploi, n’ayez pas peur !

EDITORIAL - Automatisation et perte d'emploi, n'ayez pas peur !


EDITORIAL - Automatisation et perte d'emploi, n'ayez pas peur !MONTREUXUne crainte qui revient toujours plus dans les médias, et la population en général, est le risque de perdre des emplois à cause de l’automatisation croissante de services et processus industriels. Certains pensent que les Google Cars pourraient détruire à travers le monde des millions d’emploi de chauffeur, le scanning personnel de produits à la Migros ou à la Coop faire perdre des milliers d’emplois au commerce de détail en Suisse et même les médecins pourraient voir leur valeur ajoutée menacée par un ordinateur surpuissant comme Watson d’IBM capable de lire en quelques secondes des milliers d’études scientifiques en anglais et sortir le meilleur traitement pour chaque patient. Les exemples ne manquent pas, citons encore des robots journalistes ou des fermes automatisées.

On a effectivement des raisons objectives d’avoir peur, mais parfois étudier un peu l’histoire ne fait pas de mal.

Retour dans le passé

Imaginez-vous que vous êtes au Moyen Âge dans une campagne française ou suisse. À cette époque de nombreux travailleurs cultivaient du blé ou d’autres céréales dans leur petite ferme sans véritable technologie. On peut dire que les villes étaient peu développées vu que la majeure partie de la population cultivait ses champs de blé, pourquoi aller en ville si les revenus proviennent du blé et d’autres ressources agricoles ? Puis des innovations industrielles sont arrivées, notamment au 18ème siècle, avec selon certaines sources une productivité de la culture du blé 2,5 fois supérieure à celle observée pendant le Moyen Âge, avec notamment le développement de moulins, de granges ou de silos situés dans ou à la périphérie des villes ou villages. Autrement dit, certains petits paysans se sont retrouvés en grande difficulté par manque d’innovation pour augmenter la production de blé et ont dû migrer vers les villes ou villages naissants. Avec le capitalisme et la simple loi de l’offre et de la demande, si vous produisez du blé bien plus cher que la concurrence, vous n’avez plus aucune chance de le vendre. Une grande partie du petit peuple s’est ainsi retrouvé sans véritable ressource et “mangé” par la concurrence des producteurs aux méthodes industrielles. C’est l’une des causes par ailleurs de la Révolution Française.

Mettez-vous maintenant à la place d’un petit paysan qui perd tout, il n’y avait à cette époque aucun système social (welfare) si ce n’est un peu de charité catholique ou protestante. Est-ce que ces personnes n’avaient pas peur du futur, plus que nous maintenant ? Imaginez des intellectuels de cette époque affirmer: “Mais c’est incroyable ces outils agricoles qui augmentent la productivité, on va mettre tout le monde au chômage.” Le temps a passé et le 20ème siècle a plus ou moins mis fin au travail manuel de la culture du blé pour aboutir à une mécanisation quasi totale, il suffit de regarder comme le blé est récolté dans le Midwest américain, à l’aide d’énormes tracteurs.

On se rend compte qu’à chaque période de l’humanité, on observe une destruction et probablement une création de nouveaux postes de travail.  Cela reprend bien sûr les théories de Joseph Schumpeter, grand économiste autrichien né en 1883, avec son concept de “destruction créatrice” lié aux cycles économiques et notamment aux grandes révolutions. Pour cet économiste, à chaque période on observe une destruction d’emplois et une création de nouveaux.


Le vrai problème

EDITORIAL - Automatisation et perte d'emploi, n'ayez pas peur !Selon moi, le vrai problème réside dans la répartition des richesses. Si on peut amener une critique à notre époque actuelle remplie d’informatique et d’algorithme, c’est celle de concentrer et créer de nombreux monopoles globaux (Google, Facebook, Amazon), mais n’oublions non plus pas Nestlé ou Migros, qui sont des petits monopoles sur certains secteurs.
Tous les enjeux ne seront probablement pas vraiment la perte d’emploi (car d’autres seront créés), mais bien plus la répartition des richesses. C’est pourquoi la politique, plus que jamais, prend tout son sens.
Pour illustrer ma pensée, à quoi servent les peintures ? Franchement à rien du tout ou presque, on pourrait tout à fait vivre sans peinture et peut-être même sans art, je ne dis pas qu’on doit le faire, mais il n’y a rien de vital. Les peintures existent selon moi tout simplement, car il y a des riches, ce qu’on peut appeler des excès de cash. Si tout le monde était pauvre ou de la classe moyenne, personne n’aurait de l’argent pour acheter une peinture à quelque milliers de francs, et le marché des peintures n’existerait pas ou très peu, si ce n’est comme petit hobby discret, idem pour les montres de luxe, etc. L’idée est que dans une société il y aura toujours de l’argent, toujours du travail (le travail provient de l’argent gagné par certains) et que l’automatisation ne me fait pas peur. Le vrai problème sera comment mieux partager cette richesse.

Clairement, n’ayons pas peur du futur, il n’est pas pire qu’au Moyen Âge. Dieu et Jésus dans le Nouveau Testament nous invitent d’ailleurs à ne pas avoir peur, pourquoi ne pas suivre cette recommandation ?

Le 20 mai 2015. Par Xavier Gruffat (dipl. MBA – pharmacien EPFZ) – Romanvie.ch, © Magalice – Fotolia.com

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Observação da redação: este artigo foi modificado em 23.05.2015

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