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Le téléphone portable : un outil de construction ou de destruction sociale ?

Martin Cooper, qui était un ingénieur chez Motorola, a révolutionné le monde de la communication grâce à l’invention de la téléphonie mobile. L’usage de cette technologie s’est rapidement démocratisé grâce à sa capacité à faciliter le contact, même dans les endroits les plus éloignés. En cas d’urgence, il devient facile d’appeler de l’aide, mais plus encore les différentes fonctionnalités du portable n’ont cessé de s’améliorer pour répondre de plus en plus à un niveau d’exigence toujours plus élevé.

Désormais, le smartphone accompagne autant les jeunes que les adultes partout où ils vont et constitue un véritable ami, à la fois polyvalent et doté de tous les atouts. Qu’il s’agisse de communiquer, de se distraire, de faire des recherches ou de travailler, il suffit d’utiliser son téléphone. Outil destiné à l’origine à rapprocher les gens, est-ce que le portable continue à construire et renforcer les relations ou représente-t-il aujourd’hui un facteur de destruction social que nous devons apprendre à contrôler ?

Risque d’addiction et de dépendance

Le téléphone portable : un outil de construction ou de destruction sociale ?Sans toujours en prendre conscience, nous sommes de plus en plus poussés à utiliser le téléphone en toute occasion et en tout lieu. Cet usage intensif ne s’explique pourtant pas par le besoin incontestable d’entretenir et de nouer des relations, le portable semble avoir changé d’utilité et il n’est pas étonnant de voir quelqu’un qui s’ennuie sortir naturellement son appareil pour appeler, envoyer des SMS, discuter ou commenter des publications sur les réseaux sociaux, écouter de la musique, visionner une vidéo ou jouer pour se distraire.
Suite à l’évolution des pratiques, une nouvelle maladie tend à se propager dans la société moderne, la « nomophobie », c’est-à-dire la peur de vivre sans téléphone. Compagnon indispensable jusque pendant le repas ou même dans le lit, le smartphone occupe la majorité du temps des personnes qui en deviennent dépendantes. Réagir à la moindre notification, passer des heures à lire et envoyer des messages, ne rien faire sans s’informer au préalable de la météo, de l’état du trafic et d’autres informations que l’on nous incite à consommer sans modération au quotidien, voilà autant de symptômes qui doivent nous alerter sur l’usage excessif de notre portable.

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Rupture des liens sociaux

Chez les jeunes, cette addiction peut rendre difficile le lien social, notamment avec les parents et la famille. Cet outil de communication rompt le lien entre les proches qui s’isolent chacun dans leur monde numérique, parfois loin de la réalité. Certains sont bouleversés lorsqu’ils ne reçoivent aucune alerte tandis que d’autres croient qu’ils n’existent plus aux yeux d’autrui en l’absence de messages. Source de conflit entre parents et adolescents, le téléphone rend parfois les ados plus irritables lorsqu’ils commencent à sombrer dans un usage excessif. Par ailleurs, les effets psychologiques de la dépendance aux réseaux sociaux où chacun exhibe sa vie privée ne sont pas à négliger. Le fait de voir des personnes connues, inconnues ou des personnalités qui accomplissent des choses extraordinaires ou qui montrent des photos destinées à faire apparaître leur bonheur peut par exemple avoir des impacts importants sur l’estime de soi. Au lieu d’ouvrir aux autres, le téléphone risque, sans une prise de conscience de ses dangers, de renfermer les individus sur eux-mêmes et de limiter les vraies interactions.

Échec scolaire

Cette dépendance pourrait également être à l’origine de l’échec scolaire chez les jeunes.  De nombreux problèmes liés à la concentration, à la vue, au sommeil et à la sédentarité surviennent avec l’usage intensif du téléphone. Sans contrôle strict, le portable est utilisé même pendant les cours pour se distraire et s’échapper des contraintes scolaires, ce qui empêche certains adolescents de réussir leurs études.

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Une nouvelle façon d’interagir

Même si le téléphone a tendance à réduire la qualité des échanges et des interactions, il ne s’agit que d’un outil entre nos mains. Nous avons ainsi le pouvoir d’en contrôler l’usage en adoptant certaines habitudes et en établissant une règle de vie plus saine.


Pour les couples, il serait ainsi plus favorable à une meilleure interaction de laisser le portable à la maison, de l’éteindre ou de le mettre en mode avion lors des sorties au restaurant. Il en est de même pendant le repas, éviter de mettre le téléphone sur la table permet de mieux apprécier ce que l’on mange et de prendre le temps de discuter et de se retrouver.

Il n’est pas non plus conseillé aux parents de donner un téléphone à un enfant ou un adolescent de moins de 15 ans. C’est d’ailleurs ce que préconisent les pédopsychiatres afin d’éviter le risque d’addiction.

Bien que le portable envahisse nos vies, il ne faut pas le laisser devenir un doudou numérique. Le mieux est de l’éloigner ou de l’éteindre la nuit. Il nous appartient de définir et respecter le moment pendant lequel son utilisation est réellement nécessaire. Il serait judicieux par exemple de l’éteindre complètement le dimanche et de désactiver ou cacher toutes les notifications les moins importantes pour limiter l’envie de consulter régulièrement votre écran.

Avec l’évolution du numérique, nous oublions petit à petit que l’interaction réelle est possible en toute occasion. Au lieu de suivre le GPS dans la rue, il peut suffire de demander son chemin à quelqu’un, au lieu de consulter le profil Facebook d’un ami, il peut être mieux de l’appeler pour demander de ses nouvelles ou au lieu de s’isoler pour regarder un film en ligne, pourquoi ne pas inviter ses proches à aller au cinéma ?

Malgré le risque de déstructuration sociale à laquelle il nous expose, le téléphone reste à l’origine de nombreuses interactions et offre l’opportunité d’améliorer la communication et de nouer de nouveaux liens qui peuvent être virtuels au début pour se concrétiser par la suite dans la réalité. Il appartient ainsi à chacun d’éviter d’être asservi par la technologie et de rester l’acteur principal de sa vie et de ses prises de décision.


Le 12 novembre 2019. Par la rédaction de Romanvie – Photo illustration : Adobe Stock

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Observação da redação: este artigo foi modificado em 12.11.2019

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