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Qui sont les gagnants du système éducatif malgache ?

TANANARIVELe système éducatif malgache semble être en quête perpétuelle de repères et d’identité. Depuis l’arrivée des missionnaires du LMS (London Missionary Society) jusqu’à l’indépendance, en passant par une restructuration de l’éducation en faveur de la domination coloniale, une chose semble être immuable : l’inégalité des chances. Même jusqu’à aujourd’hui, avec la nouvelle réforme apportée par le PSE (Plan Sectorielle de l’Education), une nouvelle stratégie destinée à rénover et à améliorer le système, l’écart continue de se creuser entre les établissements qui préfèrent poursuivre leur petit bonhomme de chemin et les « autres ». Mais qui sont ces « autres » et la stratégie pour une “Education Pour tous » (EPT), concept lancé depuis près de 10 ans, en 2008 au forum de Dakar, serait-elle un leurre ou une réalité à venir dans ce pays qui demeure aujourd’hui au 4ème rang des pays les plus pauvres au monde ?

Du point de vue historique, l’école n’a jamais été accessible à tous les Malgaches. Dans le passé, l’écriture à travers le « Sorabe » était ésotérique et réservée à une infime partie de la population et malgré un effort de vulgarisation de l’apprentissage par les missionnaires, en vue de diffuser la Bible, ce n’est pas toute la population qui était exposée à ces nouvelles formes de connaissance. Propulsé par une quête d’ouverture et d’expansion du commerce, ce timide tâtonnement de l’école fait rapidement place à une véritable structure dont la visée religieuse n’est plus l’unique but. Cultures, traditions, peur de l’inconnu ou tout simplement exclusions, toutes les explications sont possibles, mais ce qui est sûr, c’est que l’éducation n’a jamais atteint toute la population malgache.

Plus tard, pendant la période coloniale, le système éducatif est révisé et réorganisé de manière à devenir un instrument politique et stratégique. Plus que jamais, la majorité des Malgaches en sont exclus. Après l’indépendance, de nombreux dirigeants se sont succédé et ont mis en place d’autres réformes dans le but de permettre un accès plus large au système éducatif. Les campagnes d’alphabétisation sont lancées pour aider les exclus à être au même niveau que les autres et pourtant aujourd’hui encore le nombre des enfants de moins de 15 ans qui se trouvent hors du système scolaire gravite autour d’un million et le taux d’analphabétisme est de 24% pour les 15 à 24 ans, de 26,6% pour les 15 à 49 ans et de 29,7% pour les 15 à 59 ans, et ce ne sont que les chiffres officiels !

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Pas de place pour les plus vulnérables

Le système éducatif malgache semble avoir du mal à réduire les inégalités des chances. Les plus vulnérables, ceux qui n’ont pas le moyen d’envoyer leurs enfants à l’école sont les premiers à en être exclus. Certains parents disposant de très peu de revenus tentent d’envoyer leurs enfants dans les écoles publiques, mais ils doivent accepter la triste réalité de la plupart de ces établissements rythmés par les grèves et la démotivation des enseignants. Parfois, les personnes de bonne volonté peuvent assurer l’enseignement, mais elles n’ont pas toujours les compétences nécessaires. À la saison cyclonique, beaucoup d’écoles sont obligées de fermer et dans la majorité des cas, le niveau scolaire des enfants fréquentant les écoles primaires publiques est largement inférieur à ceux qui ont la possibilité de s’inscrire dans des écoles privées ou confessionnelles. De même, le taux d’abandon à un stade précoce et de redoublement est plus élevé dans les écoles publiques.

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Une autre vision pour un système éducatif plus efficient ?


Comme dans beaucoup d’autres pays où sévit la pauvreté, le système éducatif malgache est soumis aux aléas des crises. À l’aube des élections, les citoyens tout comme les dirigeants gagneront à réfléchir sur la façon d’améliorer ce système à travers des initiatives locales appuyées par un gouvernement engagé et convaincu de l’importance de l’éducation pour l’avenir du pays. Un grand défi attend ainsi le futur président de la Grande Ile, car ce secteur est un socle sur lequel repose un réel développement durable. Le retour à une éducation citoyenne qui bénéficie de l’adhésion de tous, la redécouverte des valeurs et des cultures ainsi que la mise en place de stratégie de développement adapté au contexte de chaque région et de l’ensemble du pays passe par l’accès à une éducation de qualité par toute la population, une population qui semble aujourd’hui avoir perdu ses repères.

Par Seheno Razanamanga pour Romanvie.ch. Le 12 octobre 2018 – Photo illustration : Romanvie.ch

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Observação da redação: este artigo foi modificado em 12.10.2018

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