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Religion : en 2022 il y aura moins de 50% de catholiques au Brésil

SAO PAULOUn article publié le 11 janvier 2022 par le journal américain de référence The Wall Street Journal (article payant) estime qu’en 2022 le Brésil comptera pour la première fois moins de 50% de catholiques dans sa population. On sait que le Brésil est actuellement le pays au monde qui compte le plus de catholiques. Dans le reste de l’Amérique latine, le nombre de catholiques a aussi tendance à diminuer et le nombre d’évangéliques à augmenter ou à stagner, car un plateau devrait être atteint. Le sous-continent latino-américain compte aussi comme l’Amérique du nord et l’Europe un nombre toujours plus important de personnes sans religion. En 2018, un peu plus de 50% de la population brésilienne se définissait comme catholique et un peu plus de 30% comme évangélique. La pandémie de Covid-19 semble avoir accéléré le chute du nombre de catholiques et mené à une augmentation du nombre d’évangéliques (probablement actuellement il doit y avoir environ 45 à 50% de catholiques et peut-être 35% à 40% d’évangéliques, mais les chiffres exacts manquent). Le WSJ relève que les évangéliques ont été particulièrement actifs pendant la pandémie, notamment sur les réseaux sociaux.


Pentecôtistes et surtout néo-pentecôtistes

La croissance des évangéliques (un terme difficile à définir, qui est souvent synonyme en tout cas en portugais ou espagnol de protestants dans un sens large) provient surtout des pentecôtiste et des néo-pentecôtistes. Ces derniers étant en général des adeptes de la théologie de la prospérité (prosperity gospel en anglais). La théologie de la prospérité part du principe qu’en versant notamment la dîme ou des offrandes à l’église, on sera béni et Dieu nous rendra riche sur cette terre, pour l’église cela crée un cycle vertueux de croissance si on veut (beaucoup d’entre elles ont aussi fait faillite ou eu des problèmes financiers). Cette doctrine est très critiquée par d’autres évangéliques, notamment les pentecôtistes et les églises évangéliques dites historiques comme les Baptistes ou les Presbytériens, deux églises également en assez forte croissance, surtout les branches évangéliques modernes. En 2022, il semble que la croissance des néo-pentecôtistes connaisse un certain frein, peut-être que beaucoup de Brésiliens veulent revenir à une foi chrétienne plus pure et moins liée au capitalisme.

Chiffres, force politique pour Bolsonaro et Lula

Pour arriver à ces chiffres de projection pour 2022, le grand journal américain WSJ a fait appel à des experts en démographie brésiliens. En juillet 2022, moins de 50% des Brésiliens devraient s’identifier comme catholique. Il est intéressant de noter que le président Jair Bolsonaro se définit comme catholique mais fréquente beaucoup les cultes évangéliques, avec sa femme qui est évangélique, probablement un moyen de plaire aux Chrétiens brésiliens qui représentent la grande majorité du pays (environ 80%). Le candidat Lula essaye aussi de “draguer” l’électorat évangélique qui lui est assez favorable également, selon un récent sondage de la Folha de S.Paulo. Il est important de noter aussi qu’un nombre toujours plus élevé de brésiliens (probablement autour de 20%) se définit comme étant “sans église” (unchurch) ou sans religion, notamment chez les jeunes et dans les grandes villes comme Sao Paulo.

Eglise catholique

Il semble qu’une difficulté de l’église catholique à maintenir ses fidèles dans la foi et surtout à en gagner de nouveaux provienne d’un manque de connexion entre le clergé et le peuple, surtout dans les quartiers populaires (ex. favela). A l’inverse beaucoup d’églises évangéliques, qui agissent pour certaines comme des “franchises” délocalisées, sont proches de la population, à nouveau surtout dans les quartiers populaires. Les églises amènent différents services à la population, parfois financiers (ex. lutte contre l’addiction). Bien entendu l’église catholique continue à jouer un rôle social très important au Brésil, également par de nombreuses fondations. Selon le WSJ, les causes de la perte de “part de marché” au Brésil de l’église catholique sont complexes. La théologie de la libération (parfois proche du communisme ou du marxisme), le contraire de la théologie de la prospérité, adoptée dans les années 1970 par l’église catholique n’a probablement pas été un succès pour attirer des fidèles dans les quartiers pauvres. C’est l’église pentecôtiste qui a clairement remporté la partie, puis de plus en plus les églises néopentecôtistes.


Pape peu inquiet

Selon le WSJ, le Pape François semble peu inquiet par la montée en puissance des évangéliques au Brésil et dans le reste de l’Amérique latine. L’église catholique ne semble pas vouloir faire de l’évangélisation massive comme le fait l’église évangélique en général. Cela dit au Brésil, il existe de nombreuses chaînes de télévision catholiques, la preuve peut-être qu’en tout cas officieusement l’église catholique romaine s’inspire aussi de méthodes modernes d’évangélisations.

Mormons

En janvier 2022 un article du magazine anglais The Economist estimait que les Mormons avaient aussi une certaine difficulté à évangéliser l’Amérique latine et notamment le Brésil, surtout des problèmes pour fidéliser les croyants. Comme les catholiques, un problème semble résider dans une uniformité trop importante. En effet, beaucoup d’aspects doctrinaires viennent du siège de l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours (mormons) en Utah aux Etats-Unis. Cette rigidité, à la différence par exemple des églises pentecôtistes, expliquerait pourquoi il y a un grand décalage entre la baptisés mormons et le nombre réel de personnes se déclarant Mormon (qui semble chuter d’un facteur 3 à 4). Autrement dit, au Brésil et dans plusieurs pays d’Amérique latine les mormons ont comme les catholiques une difficulté à fidéliser leurs fidèles. Pour beaucoup de Chrétiens, l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours n’appartient pas au christianisme en tout cas classique et s’avère plutôt être une secte chrétienne.

Erratum : une première version de l’article estimait qu’il y aurait plus d’évangéliques que de catholiques au Brésil, en fait en 2022 il y aura moins de 50% de catholiques au Brésil, mais cette dénomination restera l’église dominante au Brésil (devant les évangéliques).

Le 13 janvier 2022. Par Xavier Gruffat. Inscrivez-vous à notre newsletter ci-dessous !

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Observação da redação: este artigo foi modificado em 15.01.2022

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