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Suisse, la “cash machine” du café transformé – business case

SANTOS/SÃO PAULO/LAUSANNE On entend souvent que la richesse provient de la valeur ajoutée. Voici un business case très intéressant et exclusif sur Romanvie.ch qui permet, entre autres, de comprendre la richesse de la Suisse. Le Brésil est le premier producteur de café au monde ainsi que le premier exportateur au monde avec 30% des exportations mondiales, ce qui représente environ 5 milliards de dollars par année. Cela peut paraître beaucoup, mais c’est relativement peu comparé aux 15 milliards de dollars (pour l’année 2015, selon Reuters) de chiffre d’affaires mondial de produits du café de Nestlé avec des marques principalement comme Nescafé et dans une moindre mesure Nespresso. On estime aussi que le marché du café mondial pèse 81 milliards de dollars par année, comme le relève le Matin Dimanche en juin 2019.


On constate que le café vendu sous forme de matière première (commodities en anglais) mène à des chiffres d’affaires bien inférieurs et surtout moins lucratifs que lorsque cet or noir est transformé. La Suisse qui ne produit pas de café, à cause de son climat tempéré, arrive à créer plus de chiffre d’affaires avec la transformation du café. Nespresso vend même le café au consommateur final par Internet ou ses magasins y compris au Brésil, ce qui augmente probablement encore sa rentabilité face par exemple au Nescafé, produit vendu en général par un intermédiaire comme un détaillant.


Fixer le prix

Bref, la Suisse a bien compris le concept de valeur ajoutée et de produit transformé. Un grand avantage est qu’il peut fixer le prix lui-même en tout cas jusqu’à un certain point (si le prix est trop cher, le client final achètera du café en poudre par exemple). Dans un marché de commodité comme le café au Brésil, l’offre et la demande au niveau mondial dictent le prix avec aucune marge de manoeuvre pour le producteur. On peut se demander pourquoi le Brésil et son élite n’ont pas bien compris que les produits transformés du café rapportent plus d’argent à un pays que les matières premières.

Mauvaise passe pour les producteurs

En avril 2019, au Brésil un sac de 60 kg de fruits de café est vendu moins de 390 Reais (47,50 francs). A un moment donné ce sac de 60 kg était vendu jusqu’a 550 Reais (137,5 francs). Bref, le marché est à la baisse, comme le relève la Folha de S.Paulo le 29 avril 2019. Même si la valeur reçue par le producteur diminue, les prix du café n’ont pas tendance à diminuer en Suisse. C’est clairement une injustice autant pour le producteur que pour le consommateur. Sur ce que payait un consommateur lorsqu’il achetait du café au supermarché à la fin des années 1990, de 2 à 6% seulement finissent dans les poches des producteurs de café alors que ce chiffre était de 20% dans les année 70, comme le relevait Le Matin Dimanche en juin 2019.

La théorie semble facile, viser la valeur ajoutée, mais la mise en pratique est probablement bien plus complexe sans accords commerciaux (ex. bilatéraux) avec de nombreux pays du monde comme le fait la Suisse mais beaucoup moins le Brésil (qui a très peu d’accords bilatéraux). Bien parler l’anglais est probablement un autre atout de la Suisse et d’une entreprise globalisée comme Nestlé. Le marketing est aussi fondamental et coûte très cher, et d’ailleurs : What else ? (ok, elle était un peu facile celle là).
Tant mieux pour la Suisse, qui devrait continuer à être un pays prospère en faisant bien ses devoirs du capitalisme globalisé. Mais en terme de justice sociale, la Suisse a sans doute une certaine culpabilité à avoir.

Photo ci-dessous : Musée du café à Santos (anciennement la bourse du café il y a environ 100 ans)

Le 24 juin 2019 (V. 1.2). Par Xavier Gruffat. Sources secondaires : TV Globo, Reuters, musée du café de Santos (Brésil), Folha de S.Paulo, Le Matin Dimanche. Crédits photos : Romanvie.ch

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Observação da redação: este artigo foi modificado em 24.06.2019

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