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Le programme nucléaire iranien, une obsession pour Netanyahu

Par Marc Jourdier, AFP

JERUSALEML’attaque israélienne de vendredi contre l’Iran marque l’aboutissement de menaces agitées depuis près de vingt ans par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, quitte à froisser les Etats-Unis, premier allié d’Israël, mais peut-être seulement en apparence.

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Ces frappes surviennent alors qu’une rencontre avait été annoncée pour dimanche entre Etats-Unis et Iran à Oman, pour tenter de parvenir à un accord sur la question nucléaire iranienne.

“Nous sommes assez proches d’un bon accord”, avait déclaré jeudi M. Trump, ajoutant, à propos des Israéliens: “Je ne veux pas qu’ils interviennent (car) cela ferait tout capoter.”

M. Netanyahu, qui n’a jamais caché son hostilité vis-à-vis de ces discussions, a passé outre l’avertissement. Menahem Merhavy, de l’Université hébraïque de Jérusalem, dit néanmoins douter “que Israël ait pu faire ça si les Etats-Unis lui ont dit non”.

“Peut-être y a-t-il eu (…) un accord du genre vous (Washington) négociez, et nous (Israël) on s’occupe de frapper”, avance le chercheur.

En tout cas, “le moment choisi est logique puisque Israël ne cesse de tailler des croupières à l’Iran depuis un an et demi”, ajoute M. Merhavy en faisant référence aux opérations militaires d’Israël hors de ses frontières face à l’Iran et ses alliés régionaux depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas, soutenu par Téhéran.

L’entêtement de M. Netanyahu vis-à-vis de l’Iran est bien antérieur à cette guerre.

Décembre 2005: moins de deux mois après le tollé international provoqué par l’appel du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, à “rayer Israël de la carte”, M. Netanyahu, alors dans l’opposition, déclare que le programme nucléaire iranien “pose un grave danger pour l’avenir” de son pays et juge que Israël “doit tout faire pour empêcher l’Iran” d’obtenir la bombe atomique, évoquant déjà la possibilité de frappes militaires.

Le programme nucléaire iranien, une obsession pour Netanyahu

“Erreur historique”

M. Netanyahu ne redevient Premier ministre qu’en 2009, poste qu’il occupe depuis lors sans discontinuer à l’exception d’une parenthèse d’un an et demi en 2021-2022.

Pendant toutes ces années, il répète ne pas croire un instant aux démentis de la République islamique assurant que son programme nucléaire est purement civil et menace régulièrement de recourir à l'”option militaire” contre Téhéran.

En 2015, il qualifie d'”erreur historique” l’accord international signé à Vienne offrant à Téhéran un allègement des sanctions internationales en échange de garanties censées empêcher l’Iran de se doter de l’arme suprême.

Ses critiques répétées de l’accord contribuent à rendre encore un peu plus glaciales ses relations avec le président américain Barack Obama (2009-2017).

En 2018, M. Netanyahu applaudit à la décision de son successeur, Donald Trump, de sortir les Etats-Unis de l’accord de Vienne, ce qui aura pour résultat de le torpiller.

En réaction, Téhéran s’affranchit progressivement de ses engagements jusqu’à enrichir de l’uranium à des niveaux proches d’un usage militaire et dans des quantités jamais atteintes jusque-là.

Pendant toutes ces années, le Mossad (services secrets israéliens) agit au coeur même de l’Iran, réalisant plusieurs opérations spectaculaires contre le programme nucléaire iranien.

Israël, qui n’a jamais confirmé ni démenti avoir l’arme atomique, détient 90 ogives nucléaires, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

Changer l’équilibre


Depuis l’attaque du 7 octobre, M. Netanyahu répète qu’Israël se bat pour sa survie et est déterminé à “changer le Moyen-Orient”.

A l’automne 2024, Israël retourne la situation à son avantage sur le champ de bataille, mettant au pas le Hezbollah, bras armé de l’Iran au Liban, avant la chute de Bachar al-Assad à Damas en décembre, qui s’accompagne du départ de Syrie de milliers de conseillers militaires et combattants envoyés par l’Iran.

Fin octobre, l’armée israélienne riposte au tir de quelque 200 missiles iraniens sur Israël quelques semaines plus tôt en menant des raids aériens contre des cibles militaires en Iran.

Le ministre de la Défense de l’époque, Yoav Gallant, déclare alors que ces frappes ont “changé l’équilibre des forces” et “affaibli (l’Iran) tant dans sa capacité à construire des missiles que dans sa capacité à se défendre.”

“Avec votre soutien indéfectible, je n’ai aucun doute sur le fait que (…) nous allons finir le travail” contre l’Iran, déclarait début février M. Netanyahu, plein d’assurance en recevant le nouveau secrétaire d’Etat américain Marco Rubio.

Danny Citrinowicz, de l’Institut national des études de sécurité israélien (INSS), estime que pour l’heure, M. Trump estime très certainement que l’attaque d’Israël “sert ses intérêts”.

Le président américain “croit vraiment que du moment que l’Iran est affaibli, il parviendra à conclure un accord sur le dossier nucléaire iranien”, dit-il à l’AFP.


Holly Dagres, spécialiste de l’Iran au Washington Institute, prévient néanmoins que si le gouvernement Trump pense qu’il va y avoir de nouvelles “discussions avec les Iraniens à Oman dimanche, cela montre qu’il ne comprend vraiment rien à la République islamique”.

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Le 13 juin 2025. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

 

Observação da redação: este artigo foi modificado em 14.06.2025

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