DACCA – Le gouvernement provisoire du Bangladesh a vivement dénoncé mardi les propos “trompeurs” de la cheffe du renseignement américain Tulsi Gabbard. L’Américaine a déploré la “persécution” des minorités religieuses dans le pays à majorité musulmane.
De passage en Inde, Mme Gabbard a déclaré que “les malheureuses et répétées persécutions, tueries et violations des droits des minorités religieuses (…) constituent une préoccupation majeure du gouvernement américain”.
“Les discussions débutent seulement entre l’administration du président (Donald) Trump et le gouvernement du Bangladesh mais ces questions restent inquiétantes”, a-t-elle ajouté lors d’un entretien à la télévision privée indienne NDTV.
“Le président Trump est déterminé à dénoncer partout l’idéologie qui nourrit le terrorisme islamiste”, a insisté la directrice nationale du renseignement (DNI), ajoutant que cette idéologie “affecte à l’évidence les autres religions”.
Combat contre l’extrémisme
Le gouvernement dirigé par le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus a dénoncé en retour des propos “trompeurs et préjudiciables à l’image et à la réputation du Bangladesh”. Notre pays “est réputé pour sa pratique inclusive et pacifique de l’islam et a accompli des efforts remarquables dans son combat contre l’extrémisme et le terrorisme”, a affirmé un porte-parole.
“Les responsables politiques et les personnalités publiques devraient fonder (…) leurs déclarations sur des faits et prendre garde de ne pas renforcer les stéréotypes, nourrir les peurs ou alimenter les tensions”, a-t-il ajouté dans une déclaration.
Le gouvernement de Muhammad Yunus dirige le pays depuis la chute en août dernier du régime de l’ex-Première ministre Sheikh Hasina, après des semaines d’émeutes meurtrières.
Violences contre les femmes
Cible de la répression féroce de l’ancien régime, les islamistes sont réapparus ces derniers mois sur la place publique au Bangladesh.
Ce mois de mars, la police a dispersé à Dacca un rassemblement interdit d’un millier d’entre eux. Et les étudiants de la capitale ont manifesté contre la recrudescence des violences faites aux femmes, attribuées aux islamistes.
BIENNE –La Bible de Moutier-Grandval, rare manuscrit du IXe siècle, fait son retour en Suisse. Cette pièce inestimable est exposée au Musée jurassien d’art et d’histoire (MJAH) de Delémont, dès samedi et jusqu’au 8 juin.
Ce manuscrit est né vers 830 à l’abbaye de Saint-Martin de Tours en France, avant d’être offert à celle de Moutier-Grandval. Il est aujourd’hui conservé à la prestigieuse British Library de Londres. Déjà exposée quelques mois à Delémont en 1981, la Bible de Moutier-Grandval est l’une des plus anciennes bibles illustrées au monde à avoir été conservée intégralement.
Au MJAH, elle sera présentée dans un espace exclusif. En raison des conditions de conservation élevées requises, le nombre de visiteurs pouvant l’admirer sera contingenté. Aux côtés de cet écrin privatif se développera une exposition temporaire, qui racontera le parcours rocambolesque de cet ouvrage. D’autres manuscrits historiques seront également à découvrir.
Témoin de la culture européenne
Ce chef-d’oeuvre du Moyen Âge a été transcrit par une vingtaine de moines copistes. “C’est l’un des ouvrages les plus importants de la British Library”, a assuré Claire Breay, responsable des manuscrits anciens, médiévaux et du début de l’ère moderne au sein de l’institution, jeudi lors d’une conférence de presse au MJAH. “On souhaite partager nos manuscrits avec le plus de monde possible”, a-t-elle ajouté.
Le parcours de cet objet débute vers 830 quand l’abbaye bénédictine de Moutier exprime son besoin de posséder une bible enluminée. C’est à l’abbaye de Tours que des moines réalisent pour leurs confrères un manuscrit de 898 pages réunis en un volume. Le document reste sept siècles dans la cité prévôtoise.
Oubliée par les chanoines de Moutier dans leur maison capitulaire de Delémont au début de la Révolution française, la Bible est ensuite découverte par les propriétaires du bâtiment. Ils vendent cette trouvaille à l’ancien maire qui la vend à son tour à un antiquaire bâlois, Henry Speyr-Passavant. Le roi de Charles X manifeste son intérêt pour ce manuscrit. Mais les finances de la France ne permettent pas de se l’offrir. Henry Speyr-Passavant part alors pour Londres et vend la Bible de Moutier-Grandval à la British Library.
Le sens de l’objet a évolué
Une forte émulation est née autour de cette exposition. En effet, archives, bibliothèques, universités, services archéologiques et autres acteurs culturels sont associés à sa mise en place. Différents temps forts sont aussi prévus ces prochaines semaines.
La directrice du MJAH Nathalie Fleury a précisé que la Bible ne pourra pas rester dans le Jura une fois l’exposition terminée. “Elle n’a pas été acquise de manière illicite”, a-t-elle précisé.
L’exposition va de pair avec la publication d’un livre, “Sur les traces d’un chef-d’oeuvre: la Bible de Moutier-Grandval”, écrit par l’historienne Laurence Marti et l’historienne du livre Angéline Rais. “C’est une synthèse des connaissances sur le parcours de cette bible”, a expliqué Laurence Marti. Elle a ajouté que le sens de l’objet avait évolué: religieux au IXe siècle, il est aujourd’hui d’intérêt historique et muséal.
LAUSANNE – Au cours des deux dernières décennies, le nombre de groupes religieux locaux en Suisse a diminué de 7%. L’âge moyen des participants a augmenté, comme le montre une étude publiée dans la revue “Social Change in Switzerland”.
En Suisse, les groupes religieux locaux s’organisent en paroisses, communautés, mosquées, synagogues ou temples. Sur la base de deux enquêtes et de sondages représentatifs, une équipe de sociologues des religions emmenée par Jörg Stolz, de l’Université de Lausanne, montre que leur nombre a diminué de 7,2% entre 2008 et 2022, passant de 6341 à 5883 groupes.
Avec l’augmentation de la population sur cette même période, on est passé d’une communauté pour 1184 habitants en 2008 à une communauté pour 1476 habitants en 2020.
Les églises réformée (calviniste) et catholique, en particulier, ont perdu de nombreux groupes locaux. Dans la communauté musulmane de Suisse, le nombre de mosquées a également légèrement diminué, et ce bien que le nombre de participants réguliers ait augmenté, selon un communiqué de la revue publié mardi.
La situation est différente pour les communautés évangéliques charismatiques (pentecôtistes). Elles sont en progression dans le monde et en Suisse aussi : plus de 200 nouveaux groupes de ce type ont vu le jour depuis 2008. Mais comme autant de groupes ont disparu, le nombre de ces communautés et des participants réguliers est resté stable.
Recul de la religiosité
Le recul de la religiosité se reflète également dans la part de la population qui participe régulièrement à des services religieux. En Suisse, elle est passée de 11,6% à 9,5% entre 2008 et 2022.
On observe une forte tendance au vieillissement : la moitié des participants réguliers a aujourd’hui plus de 60 ans. L’âge moyen des responsables spirituels (prêtres, imams, etc.) a également nettement augmenté, passant de 50,8 à 53,8 ans.
Cette forte tendance au vieillissement ne se manifeste pas seulement dans les Églises chrétiennes reconnues, mais aussi dans les communautés évangéliques ainsi que chez les musulmans, les juifs, les bouddhistes et les hindous en Suisse.
Ce résultat contredit l’idée selon laquelle la sécularisation se limiterait aux Églises traditionnelles. Il existe toutefois des exceptions : à titre d’exemple, les Églises orthodoxes sont en pleine croissance.
Tendance à l’inclusivité
Enfin, la tendance est à l’inclusivité. Les groupes religieux locaux sont devenus en moyenne plus ouverts à la possibilité d’avoir des membres et des dirigeants homosexuels et à la possibilité et à la pratique du leadership des femmes. Ces tendances sont jugées significatives, bien que lentes, et ne sont visibles que pour certaines traditions religieuses.
Plusieurs religions ne montrent que peu ou pas de changement, voire une baisse de l’acceptation du leadership religieux des femmes en principe ou en pratique. C’est le cas des évangéliques conservateurs, des chrétiens orthodoxes, des musulmans, des hindous et des sikhs.
Dans le célèbre prologue du début du chapitre 1 de l’Evangile de Jean, on peut lire dans le premier verset (traduction Segond 1910) : “Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.” Dans la théologie chrétienne, le terme Parole (du grec Logos, en grec ancien : λόγος) se réfère à Jésus-Christ. La compréhension du terme Logos est un élément souvent essentiel de l’apologétique, c’est-à-dire la défense raisonnée de la foi chrétienne.Rappelons ici que tout le Nouveau Testament a été écrit en grec ancien, en grec koinè. On constate que le Logos a une dualité d’interprétation, l’une judéo-chrétienne et l’autre helléniste (grecque). La plupart des théologiens chrétiens s’accordent à dire que l’interprétation du Logos est à rechercher en premier dans la pensée juive1, mais on estime que Jean connaissait aussi la tradition philosophique grecque et n’a pas choisi ce mot par hasard. Ainsi, d’où vient le terme complexe de Logos dans la tradition philosophique grecque et son application pour le christianisme ? Ou comme le disait de façon rhétorique l’un des Pères de l’Eglise, Tertullien, “Qu’y a-t-il de commun entre Athènes et Jérusalem” ? Autrement dit, est-ce qu’il y a une relation entre la philosophie grecque et la tradition ou la culture judéo-chrétienne ?
Définition (raison)
Comme l’explique la page Wikipedia en français sur le Logos(avec des synonymes ou traductions comme parole, discours, raison, relation ou encore sagesse – certaines sources parlent aussi d’intelligence), il s’agit au départ d’un discours parlé ou écrit dans la pensée grecque antique. Par extension, leLogos désigne pour résumer également la raison, forme de pensée dont on considère qu’elle découle de la capacité à utiliser une langue (grec γλῶσσα / glossa, γλῶττα / glotta « langue ») ou des mots (λόγια / lógia « mots »).
Héraclite – contexte grecque, au commencement étaient les mythes…
Relevons tout d’abord pour faciliter la compréhension que le terme Logos a la même racine que le mot logique. Pour résumer et probablement un peu simplifier, dans la culture et histoire grecque le concept du Logos est arrivé grâce aux premiers philosophes comme Thalès (de Milet) né vers 625-620 av. J.-C. et considéré comme le père de la philosophie occidentale. Le but de ces penseurs était d’apporter des explications plus rationnelles, raisonnables et logiques aux différents problèmes et aspects de la vie ainsi que de l’univers (cosmos). Héraclite d’Éphèse (lieu situé actuellement en Turquie) ou simplement Héraclite né vers 544-541 av. J.-C. est le premier à avoir articulé le terme de Logos. Pour ce célèbre philosophe, le Logos est une « raison universelle »2. Avant l’apparition de la philosophie et d’une certaine rationalité, les problèmes et différents aspects de la vie ou de l’univers étaient surtout interprétés ou analysés par les mythes grecques avec un rôle considérable des dieux ou autres divinités. Mais ces dieux étaient parfois irrationnels et immoraux. Cette problématique a parfois été résumée par la formule « du muthos au logos », c’est-à-dire le passage des mythes à la logique (Logos), avec l’arrivée de la philosophie.
Ephese (crédit photo : Adobe Stock)
Sagesse, raison, ordre
Pour Héraclite, le terme Logos renvoie à la fois à sa propre doctrine ainsi qu’à, et ceci en est le sens principal, la loi fondamentale, le principe de toutes choses qu’il s’agit de connaître. Cette connaissance est la sagesse. Rappelons que le terme philosophie signifie en grec amour (philo) de la sagesse (sophie). Héraclite voyait le monde comme un flux, de façon dynamique. Une célèbre phrase de ce philosophe est : “Tu n’entres jamais dans la même rivière deux fois (de suite)”. Thalès de Milet lui s’est posé quelques années avant cette désormais célèbre question : “De quoi est fait la réalité ?”. Plus tard et dans la philosophie de Platon, le Logos est considéré comme la raison du monde, comme contenant en soi les idées éternelles, archétypes de toutes choses. Aristote a aussi contribué à la création d’un dieu mais impersonnel (assez proche selon moi plus tard du dieu de Spinoza) en comparaison du Dieu judéo-chrétien, en parlant de dieu ou Dieu comme la “pensée de la pensée”, le “premier moteur immobile” ou la “cause première de toutes choses”. Plus tard, les philosophes stoïciens interprétaient aussi le Logos comme une force ou une énergie, c’était comme leur dieu.
Analyse plus détaillée, ordre
Pour l’intellectuel et psychologue canadien Jordan Peterson, le Logos est à comprendre comme l’ordre intrinsèque du cosmos (univers). M. Peterson relève aussi que le logos peut-être, comme une aventure humaine, la recherche continuelle de la vérité. On peut dire que le Logos, pour les premiers philosophes grecques, est l’intuition qu’il y a un ordre ou une logique dans notre univers. Il distingue aussi le micro-cosmos (des aspects plus cachés révélés par exemple par la science comme un microscope) et le macro-cosmos (l’univers en général). Il faut savoir que le chaos est l’ennemi total de la science3. Le célèbre pasteur et théologien américain R. C. Sproul4 explique que le terme Logos est utilisé dans la philosophie grecque pour décrire une idée abstraite nécessaire pour apporter ordre et harmonie au monde.
Logos ou science
De nos jours, on qualifie le Logos plutôt de science. D’ailleurs, de nombreuses sciences ont le suffixe Logos (-logie) dans leurs noms : archéologie, théologie, sociologie, pharmacologie, biologie, psychologie, etc. C’est-à-dire une analyse rationnelle, parfois même totalement matérialiste, du monde ou de l’univers (cosmos). Le siècle des Lumières (18ème siècle), précédé par la réforme protestante et notamment calviniste (16ème siècle), a été fortement influencé par la rationalité du Logos avec une très grande importance donnée à la raison. Certains intellectuels comme C.G. Jung (psychiatrie suisse) ont critiqué – peut-être de façon indirecte par son oeuvre magistrale – cet excès de rationalité au détriment de davantage de mythologie et de religiosité. La psychanalyse jungienne essaie notamment de contre-balancer, par exemple par l’analyse des rêves, le poids trop important du rationnel en particulier dans nos cultures occidentales (Europe de l’Ouest, Amérique du Nord). Chesterton s’est aussi à sa façon opposé à la domination totale de la raison.
Christianisme
Cet article ne s’intéresse pas spécifiquement au Logos chrétien (c’est l’object de la théologie chrétienne en général). Mais pourquoi Jean (Saint-Jean pour les Catholiques) a utilisé le terme Logos pour qualifier Jésus au début de son évangile est sujet à différentes interprétations. On peut supposer que le terme Logos, traduit souvent par parole dans des traductions françaises du Nouveau Testament, sert à montrer un Dieu souverain qui par sa Parole peut décréter ce qu’Il veut. C’est une référence aussi à la première phrase de la Genèse (“Au commencement Dieu créa…”). Une autre interprétation est de montrer un contraste avec le chapitre 3 de la Genèse (péché originel). Jésus est la parole de vie et celle du diable (du serpent) est la parole de la mort. On peut aussi penser que Jésus représente toute la logique ou rationalité du monde avec ce concept emprunté à la philosophie grecque, d’où l’utilisation justifiée du terme Logos au début de son magnifique évangile. Finalement, certains théologies notamment de la renommée université de Yale pensent que Jean a choisi le mot grec Logos, car il était au masculin ce qui correspond au genre de Jésus. Mais Jean aurait pu choisir le mot féminin Sophie (sagesse). Cela aurait aussi pu permettre de se connecter à la philosophie grecque, en accord avec la plénitude ou le moment idéal pour que Dieu envoie son fils unique Jésus Christ (lire Galates 4 : 4). Rien n’est laissé au hasard. Cela dit, il y a une vraie rupture avec la philosophie grecque pure, car dans le christianisme, le Logos est le Verbe de Dieu incarné5, une personne : le Seigneur Jésus-Christ.
Par Xavier Gruffat. Article mis à jour le 21 septembre 2024. Sources : La Bible (version en grec et français), vidéos YouTube (de Jordan Peterson, en anglais), livres de philosophie, Wikipedia.org. Remarque : certaines sources ont été mises dans l’article.