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Religion – Fribourg fête les 100 ans de sa cathédrale en 2024

FRIBOURGFribourg fête cette année les 100 ans de sa cathédrale Saint-Nicolas, un édifice construit entre 1283 et 1490, mais qui n’a pas toujours eu le même statut. Jusqu’à Pâques 2025, l’événement est célébré par un riche programme alliant histoire, foi et culture.

La Cathédrale Saint-Nicolas a été d’abord église paroissiale, puis collégiale à partir de 1512, avec un chapitre de chanoines, et enfin cathédrale dès 1924, a rappelé mardi le Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Le jubilé débutera les 27 et 28 avril avec un programme autour de la figure de saint Pierre Canisius.

Le père jésuite Pierre Emonet présentera la vie du saint et son importance pour la Suisse lors d’une conférence. Pierre Canisius et Jean de Lanthen-Heid, deux hommes qui ont pesé sur le destin de Fribourg, opposent leurs visions sur les relations entre l’Eglise et l’Etat lors d’une courte pièce théâtre écrite par Jean Steinauer.

Religion - Fribourg fête les 100 ans de sa cathédrale en 2024

Reliques déplacées

Enfin, la musique sacrée, importante à la cathédrale, résonnera lors d’un concert et de la messe dominicale, durant laquelle on pourra entendre la Messe du Père Canisius de l’abbé Bovet, maître de chapelle de la Cathédrale de 1923 à 1949. En 2021, une partie des reliques ont été déplacées du Collège St-Michel à la cathédrale.

Le Covid-19 avait alors contraint de célébrer l’événement de manière confidentielle. Ces “Journées Canisius” permettent de fêter “enfin” la translation des reliques avec le plus grand nombre, relève l’organisation du centenaire portée par un comité présidé par l’ancien président du Conseil national Dominique de Buman.

Lieu de culture

La cathédrale ouvrira ensuite ses portes à la culture de mai à août. On pourra notamment grimper les marches de la tour pour danser sur le slow de son choix avec la Fête de la Danse le 4 mai, entendre Les Quatre saisons revisitées par Max Richter dans un langage minimaliste, avec le Nouvel Opéra de Fribourg le 1er juin.

Ou se laisser guider par Notre-Dame de Paris de Victor Hugo lors de lectures itinérantes dans les recoins les plus secrets de la cathédrale, avec les Diseurs les 29 et 30 juin. Voire de remonter le temps pour se plonger dans les monodies grégoriennes, lors du Festival international de musiques sacrées le 7 juillet.

Découverte inédite

La cathédrale révélera encore ses secrets lors de visites guidées les 8 juin et 12 octobre 2024 ainsi que les 1er février et 12 avril 2025: se promener dans la charpente au-dessus des voûtes, comprendre le fonctionnement des grandes orgues, écouter la fantaisie pastorale L’Orage de Fribourg ou approcher des cloches de plusieurs tonnes.

Pour mémoire, la Collégiale Saint-Nicolas a été élevée au rang de cathédrale par la bulle papale Sollicitudo omnium ecclesiarum du 17 octobre 1924. Fribourg devient alors le siège du diocèse et Marius Besson (1876-1945) le premier à porter le titre d’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg.

Ce dernier a pris officiellement possession de sa cathédrale le 1er février 1925. La paroisse subsiste, mais le Chapitre collégial devient cathédral. Les chanoines perdent alors une certaine autonomie de fonctionnement et rentrent dans la juridiction ordinaire de l’évêque, indique le communiqué.

Le 16 avril 2024. Source : Keystone-ATS (Romanvie.ch est client de l’agence). Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay

Mieux comprendre C. S. Lewis, le plus grand intellectuel chrétien du 20ème siècle

Clive Staples Lewis, plus connu sous le nom de C. S. Lewis, est probablement l’intellectuel chrétien le plus influent du 20ème siècle. C’est la grande star de l’apologétique, c’est-à-dire la défense logique (raisonnée) de la foi chrétienne. L’auteur du Monde de Narnia est né en Irlande du Nord à Belfast en 1898 dans une famille de la bourgeoisie protestante (anglicane) et mort en Angleterre à Oxford en 1963 à l’âge de 64 ans. C. S. Lewis a comme intellectuel traversé une bonne partie du 20ème siècle. Son influence sur le christianisme (non orthodoxe) continue à être gigantesque. Il est notamment connu pour la phrase suivante qui est un trilemme : quiconque se réclame être Dieu comme Jésus doit être soit un fou, soit un menteur, ou effectivement, Dieu. Il s’inspire ici de G. K. Chesterton.

Vie familiale tragique

En 1908, alors qu’il n’a que 10 ans, sa maman meurt d’un cancer. Cet événement tragique marquera logiquement sa vie et influencera sa vie spirituelle pour les années à venir en le faisant s’éloigner de Dieu notamment pendant ses douloureuses années dans différents internats. Pendant l’adolescence, il perd la foi. Bien plus tard, sa femme rencontrée à un âge avancé mourra d’un cancer dans un autre événement dramatique.

Première Guerre Mondiale

Il participe à la Première Guerre mondiale mais est blessé. Il voit la mort de près et continue à s’interroger sur l’existence de Dieu.

Conversion au christianisme – 1931

À la suite d’un long cheminement qui le fait passer de l’athéisme au théisme pendant quelques années puis au christianisme, qui avait commencé à la fin de ses études universitaires, C. S. Lewis se reconvertit ou se convertit en 1931. C. S. Lewis était professeur dans la très prestigieuse université d’Oxford. Certains collègues professeurs chrétiens (catholiques surtout) de cette institution et actuellement très célèbres comme G. K. Chesterton et J. R. R. Tolkien (auteur notamment du Seigneur des anneaux) ont influencé sa conversion au christianisme. Il était anglican mais a toujours milité ou en tout cas défendu un christianisme unifié, qu’il qualifie de pur et simple. Il est donc resté scrupuleusement non confessionnel dans ses écrits apologétiques. Par la suite il deviendra aussi professeur de dans la grande université anglaise, Cambridge.

Excellent livre : “Les fondements du Christianisme”

Un livre excellent pour mieux connaître le christianisme est : “Les fondements du Christianisme” (en anglais : Mere Christianity, c’est-à-dire Simple Christianisme, publié en 1942). À l’origine, il s’agit de chroniques radiophoniques sur le christianisme accordées à la BBC dans des émissions religieuses au cours de la Seconde Guerre mondiale. C’était une période avec forcément beaucoup d’anxiété pour le peuple britannique. Il a voulu essayer d’expliquer pourquoi le christianisme peut être une source d’apaisement et d’espérance. On apprend notamment c’est qu’est le christianisme pur et simple avec : la Création, la Chute, l’Incarnation, la Résurection, la Seconde Venue et les 4 dernières choses (mort, jugement, paradis et enfer). Il développe dans un style un peu complexe de nombreux thèmes : libre choix, loi naturelle, le danger de l’orgueil (le pire des péchés) ou le rôle de l’Eglise pour attirer les hommes au Christ. Selon C. S. Lewis, Jésus n’est pas une petite tache mais une teinture qui colore tout. Il recommande dans ce livre aussi d’accepter les principales doctrines du christianisme.

Monde de Narnia

Le Monde de Narnia (en anglais : The Chronicles of Narnia) ou au Canada Les Chroniques de Narnia est une œuvre littéraire en sept tomes de C. S. Lewis. Elle est considérée comme un classique de la littérature mondiale pour enfants et est son œuvre la plus connue. Il aurait écrit ces livres pour enfants, car il estimait qu’à cette époque il n’y avait pas beaucoup de littérature de qualité. Les tomes ont été écrits entre 1949 et 1954 et parus de 1950 à 1956. La série emprunte, en plus de nombreux thèmes chrétiens, des personnages et des idées à la mythologie grecque, turque et romaine, ainsi qu’à des contes traditionnels britanniques et irlandais. L’origine du nom de Narnia découle d’une ville en Italie, appelée aujourd’hui Narni, et en latin Narnia. L’univers créé par C. S. Lewis possède un dieu unique : Aslan. Il est notamment représenté sous la forme d’un lion qui meurt puis ressuscite, une claire analogie avec Jésus-Christ. Le Monde de Narnia a également été adapté à plusieurs reprises au théâtre et surtout au cinéma par les studios Disney.

Le 2 avril 2024. Par Xavier Gruffat. Sources : Programme brésilien Vejam Só de mars 2024, consacré à C. S. Lewis, page Wikipedia en français sur C. S. Lewis

Qu’est-ce que le Logos (Parole – λόγος) ?

Dans le célèbre prologue du début du chapitre 1 de l’Evangile de Jean, on peut lire dans le premier verset (traduction Segond 1910) : “Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.” Dans la théologie chrétienne, le terme Parole (du grec Logos, en grec ancien : λόγος) se réfère à Jésus Christ. Rappelons ici que tout le Nouveau Testament a été écrit en grec ancien. On voit donc que le Logos a une dualité d’interprétation, l’une judéo-chrétienne et l’autre helléniste. La plupart des théologiens chrétiens s’accordent à dire que l’interprétation du Logos est à rechercher en premier dans la pensée juive1, mais on estime que Jean connaissait aussi la tradition philosophique grecque et n’a pas choisi ce mot par hasard. Ainsi, d’où vient le terme complexe de Logos dans la tradition philosophique grecque et son application pour le christianisme ?

Définition (raison)

Comme l’explique la page Wikipedia en français sur le Logos (avec des synonymes comme parole, discours, raison, relation ou encore sagesse – certaines sources parlent aussi d’intelligence), il s’agit au départ d’un discours parlé ou écrit dans la pensée grecque antique. Par extension, le Logos désigne également la raison, forme de pensée dont on considère qu’elle découle de la capacité à utiliser une langue (grec γλῶσσα / glossa, γλῶττα / glotta « langue ») ou des mots (λόγια / lógia « mots »).

Contexte grecque, au commencement étaient les mythes

Relevons tout d’abord pour faciliter la compréhension que le terme Logos a la même racine que le mot logique. Pour résumer et probablement un peu simplifier, dans la culture et histoire grecque le concept du Logos est arrivé grâce aux premiers philosophes comme Thalès (de Milet) né vers 625-620 av. J.-C. et considéré comme le père de la philosophie occidentale. Le but de ces penseurs était d’apporter des explications plus rationnelles, raisonnables et logiques aux différents problèmes et aspects de la vie ainsi que de l’univers (cosmos). Héraclite d’Éphèse (lieu situé actuellement en Turquie) né vers 544-541 av. J.-C. est le premier à avoir articulé le terme de Logos. Pour ce célèbre philosophe, le Logos est une « raison universelle »2. Avant l’apparition de la philosophie et d’une certaine rationalité, les problèmes et différents aspects de la vie ou de l’univers étaient surtout interprétés ou analysés par les mythes grecques avec un rôle considérable des dieux ou autres divinités. Mais ces dieux étaient parfois irrationnels et immoraux. Cette problématique a parfois été résumée par la formule « du muthos au logos », c’est-à-dire le passage des mythes à la logique (Logos) avec l’arrivée de la philosophie.

Ephese (crédit photo : Adobe Stock)

Sagesse, raison

Pour Héraclite, le terme Logos renvoie à la fois à sa propre doctrine ainsi qu’à, et ceci en est le sens principal, la loi fondamentale, le principe de toutes choses qu’il s’agit de connaître. Cette connaissance est la sagesse. Rappelons que le terme philosophie signifie en grec amour (philo) de la sagesse (sophie). Héraclite voyait le monde comme un flux, de façon dynamique. Une célèbre phrase de ce philosophe est : “Tu n’entres jamais dans la même rivière deux fois (de suite)”. Thalès de Milet lui s’est posé quelques années avant cette désormais célèbre question : “De quoi est fait la réalité ?”. Plus tard et dans la philosophie de Platon, le Logos est considéré comme la raison du monde, comme contenant en soi les idées éternelles, archétypes de toutes choses. Les philosophes stoïciens interprétaient aussi le Logos comme une force ou une énergie, c’était comme leur dieu.

Analyse plus détaillée, ordre

Pour l’intellectuel et psychologue canadien Jordan Peterson, le Logos est à comprendre comme l’ordre intrinsèque du cosmos (univers). On peut dire que le Logos, pour les premiers philosophes grecques, est l’intuition qu’il y a un ordre ou une logique dans notre univers. Il distingue aussi le micro-cosmos (des aspects plus cachés révélés par exemple par la science comme un microscope) et la macro-cosmos (l’univers en général). Il faut savoir que le chaos est l’ennemi total de la science3.

Logos ou science

De nos jours, on qualifie le Logos plutôt de science. D’ailleurs, de nombreuses sciences ont le suffixe Logos (-logie) dans leurs noms : archéologie, théologie, sociologie, pharmacologie, biologie, psychologie, etc. C’est-à-dire une analyse rationnelle, parfois même totalement matérialiste, du monde ou de l’univers (cosmos). Le siècle des Lumières (18ème siècle), précédé par la réforme protestante et notamment calviniste (16ème siècle), a été fortement influencé par la rationalité du Logos avec une très grande importance donnée à la raison. Certains intellectuels comme C.G. Jung (psychiatrie suisse) ont critiqué – peut-être de façon indirecte par son oeuvre magistrale – cet excès de rationalité au détriment de davantage de mythologie et de religiosité. La psychanalyse jungienne essaie notamment de contre-balancer, par exemple par l’analyse des rêves, le poids trop important du rationnel en particulier dans nos cultures occidentales (Europe de l’Ouest, Amérique du Nord). Chesterton s’est aussi à sa façon opposé à la domination totale de la raison.

Christianisme

Pourquoi Jean (Saint-Jean pour les Catholiques) a utilisé le terme Logos pour qualifier Jésus au début de son évangile est sujet à différentes interprétations. On peut supposer que le terme Logos, traduit souvent par parole dans des traductions françaises du Nouveau Testament, sert à montrer un Dieu souverain qui par sa Parole peut décréter ce qu’Il veut. C’est une référence aussi à la première phrase de la Genèse (“Au commencement Dieu créa…”). Une autre interprétation est de montrer un contraste avec le chapitre 3 de la Genèse (péché originel). Jésus est la parole de vie et celle du diable (du serpent) est la parole de la mort. On peut aussi imaginer que Jésus représente toute la logique ou rationalité du monde avec ce concept emprunté à la philosophie grecque, d’où l’utilisation justifiée du terme Logos au début de son magnifique évangile. Finalement, certains théologies notamment de la renommée université de Yale pensent que Jean a choisi le mot grec Logos, car il était au masculin ce qui correspond au genre de Jésus. Mais Jean aurait pu choisir le mot féminin Sophie (sagesse). Cela aurait aussi pu permettre de se connecter à la philosophie grecque, en accord avec la plénitude ou le moment idéal pour que Dieu envoie son fils unique Jésus Christ (lire Galates 4 : 4). Rien n’est laissé au hasard.

Par Xavier Gruffat. Article mis à jour le 25 avril 2024. Sources : La Bible (version en grec et français), vidéos YouTube, livres de philosophie, Wikipedia.org. Remarque : certaines sources ont été mises dans l’article.

25 leçons à apprendre de Jacques (Bible)

THÉOLOGIE CHRÉTIENNE

Le livre de Jacques dans le Nouveau Testament est une véritable mine d’or ou manuel pratique pour tout Chrétien qui aimerait être plus mature dans sa foi, malgré le fait que cela soit un petit livre avec seulement 5 chapitres et 108 versets. Cette lettre ou épître de Jacques ressemble aux précieux conseils pratiques qu’on peut retrouver dans les Proverbes (31 chapitres) du Roi Salomon dans l’Ancien Testament. Certaines phrases sont de véritables aphorismes. Jacques a aussi de nombreux points communs avec le célèbre et très important Serment sur la Montagne de Jésus Christ dans l’évangile de Mathieu. Jacques était le livre préféré du grand théologien et philosophe danois Søren Kierkegaard. Dans cet article nous vous présentons de nombreuses leçons à retenir de ce livre tout simplement magnifique.

Qui était Jacques ? Dans la Bible il y a plusieurs Jacques différents, on estime que celui qui a écrit ce livre est l’un des frères (on parle aussi parfois de demi-frère) de Jésus. Ce Jacques s’est converti au christianisme seulement après la résurrection du Messie. Jacques est l’une des personnes choisies à qui le Christ est apparu après la résurrection (1 Cor. 15.7)1.
Quand Jacques a-t-il été écrit ? La lettre de Jacques aurait probablement été écrite entre les années 43 et 50 après J.-C., soit avant le Conseil de Jérusalem.
A qui est destiné cette lettre (livre) ? Jacques, qui était justement le principal leader de l’église de Jérusalem lors du Conseil (Actes 15.13), s’adresse dans ces quelques chapitres probablement en premier lieu à des juifs chrétiens en souffrance de la diaspora et non pas à des non juifs ou païens (gentils) comme Paul dans ses nombreuses lettres (ex. Romains, Galates, etc.).

CHAPITRE 1

Introduction. Serviteur de Dieu (1.1). Jacques se définit comme un véritable serviteur de Dieu, même un esclave (le mot grec ancien utilisé est δοῦλος – doulos, qu’on peut aussi traduire par esclave), comme on peut le lire au verset 1 : “De la part de Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus dispersées : salut !”. On constate aussi comme mentionné ci-dessus que Jacques d’adresse principalement à la diaspora juive.

1. Persévérez dans les difficultés (1.2-4). En cas de difficultés dans votre vie, persévérez dans la foi pour devenir plus mature (Jacques, Chapitre 1 aux versets 2 à 4 et 12 mais aussi au chapitre 5 : 10-11). Il faut répondre aux difficultés dans la joie. Autrement dit, les souffrances peuvent être une bonne chose. La joie est donnée à ceux qui croient en Dieu et cela peu importe les circonstances. Lire ou relire le livre de Job dans l’Ancien Testament aide à comprendre, en tout cas en partie, la souffrance pour une personne croyante. Les difficultés ou souffrances ont un effet pédagogique et seront présents à un moment ou à un autre dans la vie de tout chrétien.

2. Dieu peut nous donner de la sagesse (1.5-6). Si vous manquez de sagesse, demandez à Dieu avec conviction, et Il vous la donnera. Cela signifie que Dieu transmet ou donne la sagesse. Quand nous sommes en difficulté, nous avons besoin de discernement et de sagesse. La sagesse est l’utilisation correcte de la connaissance2. Il est intéressant de noter que le mot philosophie signifie en grec ancien, amour (philo) de la sagesse (sophie). Mais ici, il faut comprendre le mot plutôt comme une sagesse divine ou biblique et pas forcément du monde (philosophie). Jacques relève aussi que lorsqu’on demande de la sagesse à Dieu, on ne doit pas douter, on ne doit pas avoir notre âme ou esprit divisé (du grec diacrimonai).

3. Les dangers du matérialisme (1.9-11). Attention à la richesse ou biens matériaux qui vous éloignent du Royaume de Dieu. Soyez humbles, car la richesse rend orgueilleux. Dans Jacques 2.5-6 on apprend aussi qu’on doit traiter les pauvres comme s’ils étaient riches. Jacques se réfère au Sermon sur la Montagne de Jésus affirmant que les pauvres dans ce monde sont riches dans la foi.
Le début du chapitre 5 est aussi critique surtout envers les richesses mal acquises, par exemple en exploitant les employés ou lors de corruption (lire ci-dessous les points 20 et 21 à ce sujet). Le but ici est surtout de comprendre que la dépendance à l’argent (et pas forcément le fait de posséder de l’argent), presque comme une addiction, nous éloigne de Dieu et de son Royaume.

4. Tentation : récompense (1.12) et Dieu ne tente pas (1.13-15).
1.12
Au verset 1.12 on peut lire : “Heureux l’homme qui tient bon face à la tentation car, après avoir fait ses preuves, il recevra la couronne de la vie que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment”, selon la traduction Segond 21. Cela signifie que lorsqu’on est tenté ou soumis à des épreuves, on doit regarder vers la récompense. C’est à ce moment que Dieu nous approuve. Le célèbre pasteur presbytérien brésilien Hernandes Dias Lopes 3 raconte dans un livre qu’il a écrit sur Jacques une belle histoire pour mieux comprendre ou illustrer l’intérêt des épreuves pour nous amener à plus de maturité : le processus utilisé autrefois pour faire pousser les arbres qui deviendraient les grands mâts des navires militaires et marchands était le suivant : les grands constructeurs navals sélectionnaient les arbres situés au sommet de hautes collines pour qu’ils deviennent probablement le mât d’un navire. Ensuite, les ouvriers des grands constructeurs abattaient tous les arbres environnants qui protégeaient les arbres choisis de la force du vent. Au fil des ans, sous l’effet du vent, les arbres grandirent et devinrent encore plus forts, jusqu’à ce qu’ils soient assez solides pour devenir le mât d’un navire.
1.13-15
La tentation ne vient pas de Dieu mais du diable. Dieu ne désire jamais qu’une personne devienne pécheresse.

5. Dieu est la seule source du bien (1.17-18). Les bénédictions viennent toujours de Dieu. Rien de positif ne peut venir autrement que de Dieu.

6. Auto-contrôle (1.19-20). Soyez rapide à écouter, lent (en grec brádys) à parler et à vous mettre en colère. Cela fait un peu penser aux fruits de l’Esprit de Paul, à lire dans Galates. Jacques nous enseigne qu’avant de parler on doit réfléchir et ne pas s’exprimer immédiatement. Un bon truc est de dire à son interlocuteur lors d’une réponse difficile : “laissez-moi réfléchir et je reviendrai vers vous.”

8. Attention à ce que vous dites (1.26-27). Tenez votre langue, sinon vous n’êtes pas un bon Chrétien. Jacques avait dénigré son frère Jésus – dans l’hypothèse où ce Jacques serait son frère (ou demi-frère) – en estimant impossible qu’il puisse ressusciter (lire Jean 7:5), il a donc regretté d’avoir affirmé une telle inexactitude. Jésus rappelle aussi dans Mathieu 12:34-35 que la langue est à l’image de notre coeur.
Lire aussi le point 16. ci-dessous.

9. Charité (1:27B). Aidez ceux qui sont dans le besoin. Il cite les veuves et les orphelins. A cette époque, ces personnes étaient à la marge de la société et à risque de grande pauvreté. De nos jours, de nombreuses autres personnes peuvent être dans le besoin, notamment en terme financier. Un vrai chrétien ne doit pas être narcissique ou égoïste. Pour la doctrine protestante classique orthodoxe (seulement la foi, sola fide), la charité n’est pas un élément du salut mais une conséquence de la foi, c’est-à-dire son expression (lire aussi le point no 14 ci-dessous).

CHAPITRE 2

10. Justice pour tous, riches ou pauvres (2.1-4). Ne faites pas de favoritisme entre riches et pauvres ou tout autre stéréotype, Dieu est impartial. Dieu a créé tous les être humains à son image et donc égaux, c’est ici une forte critique déguisée au racisme.

11. Ne dénigrez pas les pauvres, au contraire (2.5-7). Les pauvres ont souvent plus la foi que les riches, qui font des procès entre eux ou aux plus pauvres. Les riches sont souvent les plus grands pécheurs.

12. Amour agapè [en grec ancien : ἀγάπη] (2.8). Aimez votre prochain comme vous-mêmes, la solution pour résoudre les point 9 et 10 ci-dessus. Aimer son prochain comme soi-même est la règle d’or, le plus grand commandement selon Jésus (Matthieu 22.36-40).

13. La miséricorde triomphe sur le jugement (2.13). Dieu est riche en miséricorde.

14. La foi doit être authentique et active (2.14-26). Le verset 2:26 résume bien la situation ou la problématique : “Comme le corps sans âme est mort, de même la foi sans les oeuvres est morte.” Cela signifie qu’il ne faut pas avoir une foi seulement théorique, mais un processus de sanctification doit se manifester. Effectivement, dans la doctrine protestante (calviniste) ou évangélique majoritaire on est sauvé exclusivement par la foi en Jésus Christ et par la grâce de Dieu – sola fide – (lire Ephésiens 2:8-10, selon l’apôtre Paul), mais les conséquences de cette foi doivent être les oeuvres, par exemple aider les pauvres, donner une partie de ses ressources à l’église ou des institutions sociales, s’exprimer sans violence, etc. Certains pasteurs comme Rick Warren ne voient pas de contradictions entre l’apôtre Paul et Jacques. Paul parle davantage d’une foi invisible en répondant à la question : “Comment savoir si je suis sauvé ?” et s’adresse en général aux gentils (non juifs chrétiens). Jacques s’adresse surtout à des juifs Chrétiens et pose plutôt la question : “Comment montrer (aux autres) que je suis sauvé ?”. Autrement dit, Paul montre davantage la racine de la foi, cachée, et Jacques davantage les fruits de la foi, visible.
Jacques cite la foi d’Abraham qui était authentique et le sacrifice de son fils Isaac (qui comme on le sait n’est finalement pas mort) a montré sa véritable foi en Dieu par son action. Il a agi et n’est donc pas resté immobile. Les protestants et évangéliques estiment en général que les oeuvres sont les conséquences ou le résultat de la foi, les catholiques voient les oeuvres davantage comme une addition nécessaire à la foi et un élément du salut.

CHAPITRE 3

15. Ne soyez pas trop nombreux à enseigner (3.1). Jacques met en garde les personnes qui veulent devenir enseignants ou leaders comme les pasteurs ou prêtres, car ceux-ci seront plus sévèrement jugés par Dieu. Il connecte ce premier verset du chapitre 3 aux versets suivant sur le danger de la langue (parole). Une interprétation possible est que les enseignants de la parole doivent justement utiliser beaucoup la langue et ce n’est pas sans danger (lire point suivant).

16. Contrôlez votre langue – à nouveau (3.2-12). La langue est petite comme un gouvernail d’un bateau selon l’analogie ou l’illustration utilisée par Jacques, mais la langue a d’importantes conséquences, souvent négatives. On peut lire que la langue est “pleine d’un venin mortel”, capable de contaminer et corrompre tout le corps. Il est impossible pour l’homme de contrôler ou de dompter sa langue, seulement Dieu peut avoir une influence sur le coeur, puis par conséquence la langue. Jacques utilise aussi l’analogie du feu : “un petit feu peut embraser une grande forêt !”. On comprend bien, parfois juste quelques phrases inappropriées peuvent mener à de graves conséquences, notamment au niveau politique. Autant on peut bénir Dieu qu’on peut maudire, comme un figuier ne peut donner que des figues et pas des olives (verset 12). Mais le but, sous la grâce de Dieu, est que ce qui sorte de la bouche soit bon et pas mauvais, que le fruit soit le bon (et pas une fraude). De nos jours, on peut aussi penser aux réseaux sociaux donc à l’écriture, à la diffusion de photos ou de vidéos autant que la langue ou la communication verbale classique.
A nouveau, on voit que Jacques se veut très pratique avec une excellente structure de son texte remplie d’exemples. Nous pouvons avoir une grande connaissance des écritures, mais si nous ne contrôlons pas notre langue, notre religion est vaine. Il y a un vrai intérêt pour Jacques d’éviter au maximum l’hypocrisie, d’être aligné avec la théologie chrétienne.
Conseils de communication (pas forcément provenant de Jacques mais de livres actuels de communication ou de l’apôtre Paul) :
Lorsqu’il y a un conflit avec quelqu’un, essayez tout d’abord de prendre une certaine distance. Si possible attendez quelques minutes pour faire retomber le stress, la fameuse adrénaline. Ensuite essayez de bien choisir les mots, l’intensité de votre voix, le nombre de phrases utilisées, essayez aussi d’écouter l’autre interlocuteur. L’apôtre Paul est brillant quand il écrit dans Ephésiens 4 : 29 (traduction du Semeur) : “Ne laissez aucune parole blessante franchir vos lèvres, mais seulement des paroles empreintes de bonté. Qu’elles répondent à un besoin et aident les autres à grandir dans la foi. Ainsi elles feront du bien à ceux qui vous entendent.” Bref, contrôlez votre communication, comme le gouvernail d’un bateau, pour édifier les autres et ne pas les détruire.

17. La sagesse peut être divine ou du monde (3.13-18). La sagesse du monde, diabolique, est celle qui est terrestre et non spirituelle. Elle est basée sur ses propres envies et désirs. Là où il y a un zèle amer et un esprit de dispute, il y a du désordre et toutes sortes de mauvaises actions. Par contre la sagesse divine, provenant de Dieu (du Paradis ou d’en haut) a de nombreuses qualités : pure, pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, exempte de duplicité, d’hypocrisie. D’un point de vue théologique on peut considérer que la sagesse est la conséquence de la foi en Jésus-Christ.

CHAPITRE 4

18. Attention à vos propres passions (4.1-5). Lorsqu’on convoite quelque chose on peut être prêt à tout, y compris à la violence. Demandez à Dieu des choses bonnes et pas des éléments pouvant satisfaire vos passions. Dieu vous donnera des choses bonnes mais pas narcissiques. Si vous désirez des choses du monde pour être ami du monde, vous devenez ennemi de Dieu.
A nouveau on apprend que les humbles trouvent grâce à Dieu, mais pas les orgueilleux.

19. Invoquez Dieu dans vos projets (4.13-15). Comme on ne sait pas de quoi demain sera fait et qu’on est une simple vapeur selon l’illustration de Jacques, on doit toujours invoquer Dieu pour chaque projet y compris économique, comme la création d’une entreprise. On doit donc dire : “Si Dieu le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela.”. Il faut être humble, car seulement Dieu a du pouvoir sur les différents projets à venir. Mais à l’inverse, attention de ne pas utiliser “Si Dieu le veut” à chaque phrase par pure superstition ou “magie”.

CHAPITRE 5

20. Attention à la richesse – à nouveau (5.1-3). Jacques alerte les chrétiens contre les dangers de la richesse. Il mentionne clairement un risque de corruption quand on a trop d’argent. Ces versets sont utilisés comme base théologique de la Mission Intégrale dans le protestantisme (Théologie de la Libération dans le catholicisme). Lire aussi les points 3 et 11 ci-dessus.

21. Respectez les employés (5.4-6). Il est très important de toujours payer dans les temps le salaire des employés. Il y a donc une justice sociale à respecter quand on est employeur.

22. La souffrance mène à la patience (5.7-11). Les Chrétiens sont invités à être patients jusqu’à l’arrivée du Seigneur. Jacques cite logiquement ici Job qui a beaucoup persévéré malgré ses horribles souffrances mais qui à la fin a été béni par Dieu. Lire aussi le point 1 de cet article qui va un peu dans la même direction.

23. Ne jurez pas (5.12). Il est important que notre “oui” soit un oui et “non” un non, c’est pourquoi on est amené à ne pas jurer, sauf peut-être quelques exceptions (mais ce point fait débat).

24. L’importance de la prière et de la confession (5.13-18). Lors de problème, il est important de prier. Et si une personne est heureuse, qu’elle chante une louange. En cas de maladie, il faut appeler les anciens de l’église qui doivent prier pour le patient. Il est important également de toujours confesser nos péchés. La prière d’une personne juste est puissante et efficace (verset 16 b). Jacques cite Elijah qui a prié avec succès pour la sécheresse et pour la pluie.

25. Cherchez les personnes perdues (5.19-20). Finalement le demi-frère de Jésus nous invite à aider les frères et soeurs qui sont se éloignés du droit chemin et à les ramener vers le Père pour qu’ils soient sauvés.

Dossier mis à jour le 16 avril 2024. Par Xavier Gruffat. Sources : avec notre vidéo en portugais : Tiago cap. 1 e 2 – Sofrimento humano, fé e obras e muito mais (#2)